[Inspiré de faits réels] 

Juillet !

Le Rendez-Vous du Silence

Stéphane est assis en face d'elle, son regard curieux, presque scrutateur. Nina sent le moment approcher, cette question qui plane au-dessus de chaque dating.

« Dis-moi, Nina, c’est ta vraie couleur de cheveux ? ».

La lumière tamisée enveloppe le restaurant dans une chaleur réconfortante. Le bois verni des tables dégage une odeur douce, mêlée à celle du pain sorti du four... Ses doigts jouent nerveusement avec une mèche de sa perruque blonde. Elle se concentre sur le scintillement des bougies, et après une pause lance : « Non, c’est une perruque. J’aime bien changer de style souvent. »

Le silence qui suit pèse lourd, trop lourd. Il hoche la tête, mais elle voit la flamme vaciller dans ses yeux. Ce rendez-vous est déjà terminé, même si les mots ne sont pas encore prononcés. Elle sent un nœud se former dans son estomac, la sensation amère du rejet à venir.

Le Rendez-vous Involontairement Cruel

Nina et Jérôme sont installés sur une terrasse animée, entourés du brouhaha des conversations et du cliquetis des couverts contre les assiettes. Une légère brise nocturne fait danser les mèches de sa perruque brune, effleurant son cou. Jérôme parle avec passion de son travail et ses idéaux pour l'urbanisme. Nina écoute, sous le charme :

« Tu es vraiment jolie, tu sais, » lâche-t-il soudain, en la regardant droit dans les yeux. « Tes cheveux ont l’air si... naturels. Je déteste ces perruques que les femmes portent de nos jours. Elles ne se rendent pas compte à quel point c’est faux. »

Un frisson traverse Nina, glacé et tranchant. Elle force un sourire. « Eh bien, en fait... c’est une perruque. »

Le silence qui suit est assourdissant, Jérome bascule en arrière, cherche ses mots. « Oh... je ne savais pas, » marmonne-t-il, gêné, avant de reprendre une gorgée de son vin, ses yeux évitant les siens.

Le reste du dîner est une longue agonie de politesses forcées. Chaque mot de Jérôme résonne comme une excuse maladroite, et Nina sent le poids du désespoir s'alourdir sur sa poitrine. Lorsqu'ils se quittent à la fin de la soirée, elle sait qu'elle ne recevra jamais ce message qu'il avait promis d'envoyer.

Le Rendez-vous de la Méprise

Nina sort de la bouche du métro, le cœur battant un peu trop fort. Paris est beau ce soir, baigné dans la lumière dorée du crépuscule. Elle rejoint Paul, un architecte qu'elle a rencontré lors d'une exposition d'art. Il l’accueille avec un large sourire, ses yeux pétillant d’enthousiasme.

« Tu es magnifique, Nina. J’adore ce look, » dit-il en la détaillant de la tête aux pieds. Sa perruque auburn tombe en boucles douces autour de son visage, encadrant son sourire. Paul la guide vers un petit restaurant caché dans une ruelle, un lieu qu’il connaît bien et qui, selon lui, offre la meilleure cuisine italienne de la ville.

Le dîner se déroule sans accroc, ils rient et échangent des histoires sur leurs vies respectives. Tout semble parfait, trop parfait. Puis, Paul se penche en avant, ses yeux brillant de curiosité. « Alors, dis-moi, tu es rousse naturelle ou tu as teint tes cheveux ? »

Nina sent son cœur se serrer, une alarme sourde résonnant dans son esprit. Elle déglutit difficilement, les mots coincés entre ses lèvres. « En fait... ce sont des cheveux synthétiques. »

La surprise fige le visage de Paul. Ses sourcils se froncent légèrement, et pendant une fraction de seconde, Nina voit une ombre de déception traverser son regard. « Ah... je n'aurais jamais deviné, » dit-il avec un sourire forcé, mais quelque chose dans sa voix a changé.

Le reste du repas est un mélange d’embarras et de silences gênants. Nina sent le fossé se creuser entre eux, chaque phrase devenant plus difficile à formuler. Lorsqu’ils se disent au revoir, Paul l’embrasse sur la joue, mais la chaleur de leur début de soirée a disparu, laissant place à une froideur qu’elle ne parvient pas à ignorer.

Le Rendez-vous Impatient

Assise dans un petit café près du Jardin du Luxembourg, Nina observe discrètement Matthieu, un avocat qu’elle a rencontré lors d’un événement de réseautage. Il est élégant, sûr de lui, et parle avec assurance de ses ambitions, de ses voyages. Elle admire son enthousiasme, mais quelque chose en lui semble un peu... précipité.

« Alors, Nina, » commence-t-il, en lui jetant un coup d'œil appuyé. « Je dois te demander, tu es du genre à tout planifier, ou tu es plutôt spontanée ? »

Nina sourit, prenant une gorgée de son café. « Un peu des deux, je dirais. J’aime avoir un plan, mais je suis aussi ouverte aux surprises. »

Matthieu acquiesce, ses yeux pétillant d’intérêt. « C’est ce que je pensais. En parlant de surprises, tes cheveux... Tu changes souvent de style ? »

Nina hésite, ses doigts jouant avec la poignée de sa tasse. « Oui, j’aime bien changer. C’est une perruque, en fait. »

L'enthousiasme de Matthieu faiblit légèrement. Il semble... perplexe. « Ah, d'accord. Ça te va bien, mais... c’est quoi ta vraie coiffure alors ? Tu la montres parfois ? »

La question est lancée avec une insouciance apparente, mais Nina sent l’impatience qui se cache derrière. Elle se mord l’intérieur de la joue, se demandant comment répondre. « Parfois, oui, mais je préfère... changer de tête. »

Matthieu acquiesce, mais le fil de la conversation se rompt. La tension grandit, palpable, comme une ombre qui s’étend entre eux. Il ne fait aucun effort pour relancer la discussion, son regard vagabondant ailleurs. Lorsqu’ils se lèvent pour partir, l’au revoir est rapide, presque précipité. Nina sait que cet échange restera sans suite.

Le Rendez-vous Détaché

Un bar à cocktails branché, avec des lumières tamisées et une musique de fond qui résonne comme une douce mélodie. Nina est là, un verre à la main, assise en face de Lucas. Il est différent des autres. Plus réservé, presque distant, avec une aura de mystère qui l'intrigue. Mais cette distance commence à peser sur elle, à la rendre nerveuse.

« J’aime bien ce look que tu portes ce soir, » dit Lucas, en jetant un coup d’œil à sa perruque rouge vif. « C’est audacieux. »

Nina sourit, jouant distraitement avec une mèche de cheveux. « Merci. Je change souvent de style. »

Lucas hoche la tête, son expression impénétrable. « Pourquoi ? Tu n’aimes pas tes cheveux naturels ? »

La question est posée avec une neutralité qui la déstabilise. Il ne semble ni curieux, ni désintéressé, simplement... détaché. Nina sent une vague de malaise l'envahir. « Ce n’est pas ça, » répond-elle doucement. « J’aime juste avoir le choix. C’est une façon pour moi de m’exprimer. »

Lucas ne répond pas immédiatement. Il prend une gorgée de son cocktail, ses yeux fixés sur elle, mais sans la voir vraiment. « C’est... intéressant. »

Le mot flotte entre eux, vide de sens. La conversation s'éteint progressivement, remplacée par le bourdonnement des autres clients autour d'eux. Nina sent le poids de ce silence, cette absence d'intérêt réel. Ils finissent leur verre, échangent quelques banalités, mais elle sait que ce rendez-vous ne mènera nulle part. Lucas est déjà ailleurs, dans ses pensées, et elle se sent invisible, effacée par cette indifférence.

Alerte les copines !

Le lendemain, Nina pousse la porte d'un café, ses talons résonnant sur le sol carrelé. L'odeur du café moulu emplit l'air, un réconfort familier. Ses amies l'attendent à leur table habituelle, un coin tranquille près de la fenêtre. Chloé lève les yeux de son téléphone, un sourire bienveillant aux lèvres.

« Alors, raconte, comment ça s'est passé tes derniers dates ? » demande Amélie, en croisant les bras, une expression de curiosité teintée de préoccupation sur le visage.

Nina laisse échapper un soupir, ses épaules s'affaissant légèrement. « Pour le moment, je n'ai vu que des perruquophobes »

Chloé grimace, ses doigts jouant avec la poignée de sa tasse. « Sérieusement ? C'est tellement frustrant. »

Amélie hoche la tête, une moue agacée. « Les hommes disent qu’ils ne veulent pas de femmes avec des perruques, mais regarde ce qu’ils aiment sur Twitter ou Instagram. Jette un œil à leurs messages privés, tu verras le genre de femmes qu’ils courtisent. Et dans la majorité des cas, c’est une femme avec une perruque. »

Nina secoue la tête, essayant de dissiper le nuage sombre qui plane au-dessus d’elle. « Je me demande parfois si je ne devrais pas simplement arrêter de porter des perruques pour les premiers rendez-vous. »

« Non, ne fais pas ça, » intervient Chloé, le regard fixé sur Nina avec intensité. « Si un homme ne peut pas accepter tes choix, alors il ne te mérite pas. »

Les mots de Chloé la réchauffent, mais ils ne chassent pas entièrement le doute qui s’est installé au fond de son esprit.

Août !

Quelques semaines plus tard, Nina se retrouve à nouveau assise en face d'un homme, mais cette fois, il y a une différence palpable. Malik a ce sourire facile, un sourire qui ne semble pas chercher à lire au-delà de la surface. Ils discutent dans un petit bar à vin, où le parfum des raisins fermentés flotte dans l’air. La conversation est fluide, légère, jusqu'à ce qu’il pose la question, celle qui d'habitude la fait tressaillir.

« Alors, tu changes souvent de style ? »

Elle attend l’inévitable jugement, mais il ne vient pas. Malik l’observe avec une curiosité simple, sans arrière-pensée. « Oui, j'aime bien porter des perruques. Ça me permet d’exprimer différentes facettes de moi-même. »

Le sourire de Malik s’élargit, sincère. « Je trouve ça génial. Tu peux être quelqu’un de nouveau chaque jour si tu veux. C’est un peu comme de l’art, non ? »

Le Poids du Cheveu : Une Histoire de Perruques et de Cœurs

Le soulagement est immédiat, comme une vague de chaleur qui envahit son corps. C'est plus qu'une acceptation ; c'est une compréhension. Cette nuit-là, lorsqu’elle se glisse dans son lit, un sentiment de légèreté l’accompagne. Ils doivent bientôt se revoir.

De retour au café, Nina raconte le rendez-vous à ses amies, l’excitation vibrant dans sa voix. « Malik m’a dit que changer de style était comme de l’art, » dit-elle, un sourire radieux éclairant son visage.

Amélie éclate de rire, un son clair qui attire quelques regards curieux des autres clients. « Ça c'est un homme qui comprend ! Tu devrais vraiment le revoir. »

Chloé hoche la tête, ses yeux pétillant de malice. « Il est rare de trouver quelqu’un qui apprécie vraiment les différences. »

Nina acquiesce, son cœur battant plus fort à l’idée de revoir Malik. C’était peut-être le début de quelque chose de vrai, de solide. Mais elle sait aussi que chaque rencontre ne se passerait pas comme celle-ci. Elle a appris, au fil des rendez-vous, à naviguer dans cet océan de préjugés, de malentendus.

Les jours passent, et Malik reste dans un coin de son esprit, comme une douce promesse à venir. Mais Nina ne se précipite pas. Elle laisse le temps filer, s’ouvre à d’autres rencontres. Ses rendez-vous se succèdent, chacun apportant une nouvelle dimension à sa quête. Elle rencontre Antoine, un artiste qui la fait poser pour une série de portraits, où elle change de perruque à chaque séance, explorant différentes facettes de sa personnalité. Puis il y a Karim, un chef cuisinier passionné, qui l’initie à la cuisine moléculaire, un monde où créativité et précision se rencontrent.

Avec chaque homme, Nina se découvre un peu plus. Elle réalise que ces moments sont plus que de simples dates ; ils sont des opportunités pour elle d'explorer des parties d'elle-même qu'elle ignorait encore. Elle se sent plus libre, plus épanouie. Elle ose des couleurs de cheveux qu'elle n'avait jamais essayées auparavant, des styles vestimentaires qui expriment mieux ses émotions du moment.

Elle rit plus fort, ose plus souvent, et s'épanouit dans cette nouvelle version d’elle-même, qui ne cherche plus l’approbation des autres, mais qui se plaît simplement à être. Chaque rendez-vous devient une aventure, un chapitre de son histoire personnelle aux souvenirs uniques.

Le jour où Malik lui propose de passer un week-end ensemble, Nina ne ressent plus l'angoisse de savoir comment il réagira à son choix de perruque. Elle sait qu'il la voit pour ce qu'elle est vraiment—une femme complexe, créative, et unique. Mais ce week-end ne sera pas un test, ni un point culminant ; ce sera simplement un autre moment dans une vie qui s'épanouit.

En revenant chez elle ce soir-là, après leur conversation, Nina se sent complète, entière. Elle comprend désormais que ce qui compte, ce n'était pas la perruque, mais l'homme qui saurait la voir et l'apprécier dans son entièreté. Peu importe où sa relation avec Malik ira, elle continuera à grandir, à évoluer, à explorer les multiples facettes de son identité. Parce qu'elle n'est plus celle qui cherche à être acceptée—elle est celle qui s'accepte entièrement, et qui vit pleinement chaque instant.

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